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Histoire de ndoyi

Monique Phoba,  le 10.01.2011


« Ndoyi, ndoyi, ozali malamu », lui chuchotais-je.

Malamu : Gentille

Et son grand sourire m'atteignait dans mon début de
sommeil cotoneux, dans le réduit étroit de sa case où
trônaient nos portraits. Nous étions aussi
enchevêtrées que fils de pelote de laine, qui savait
où l'une commençait, où l'autre finissait. Visage et
conformation pareils.

Visage : Elongi

Seule la taille diffèrait.

« Toi, tu es grande, disait mon père, elle, elle est
courte ».

« Pourquoi disent-elles que je suis la préférée,
disait ma mère. La seule femme de sa vie, c'est sa
mère. »

Vie : Bomoï

Ils me racontaient que je n’avais pas voulu d'eux,
quand ils étaient venus me reprendre, que j'étais une
sauvage, une villageoise, que j'étais fourrée dans
toutes les mains, tous les chemins, que je cavalais
comme une chèvre parmi ses pareilles.

Ndoyi, ndoyi...

Ils ont dit qu'il valait mieux ne plus me laisser près
d'elle, ne plus me laisser à elle. Et, puis, que de
toutes façons, nous repartions en Europe...

Europe : Mputu

Ils sont partis d'abord et m'ont laissée. J'étais
encore l'enfant unique. Mais, Ndoyi est venue après
avec moi. Nous étions ensemble dans cet avion et cela
a été notre dernier compagnonnage. Avant la grande
scission.

Quand je suis venue plus tard, bien plus tard, emmener
les derniers enfants de mon père, elle a dit :

« Vous prenez les enfants en Europe, vous dites que
vous les ramènerez. Mais, ils ne reviennent jamais ».
Et elle m'a regardée.

« Ndoyi, ndoyi, motema na yo ezali pasi ».

Motema : Coeur
Pasi : Douleur


Quand l'avion a décollé et qu'elle s'est sentie
plaquée contre son fauteuil par la force des
réacteurs, la terreur l'a fait crier. Elle s'est
arrachée à son siège, m'a prise dans ses bras. Elle se
disait que l'avion allait tomber dans la mer et
qu'elle ne pourrait pas me sauver, ne sachant nager.
Mais, que d'autres le sauraient. Et elle a supplié les
passagers de l'avion, un à un, repoussant les hôtesses
en panique, qui la poursuivaient, en leur murmurant,
en leur chantonnant : « Mwana, mwana... », tout en me
tendant à eux.

Mwana : Enfant.

J'ai toujours aimé ce mot : mwana, ça sonne comme
menu.
Quand un enfant est dans mes bras, je murmure : «
Mwana » et je me sens abri et refuge, toute emplie de
sa force.
J'aime tellement ce mot. Et vous, l'aimez-vous ?

On a dû la rassoir de force et nous sommes arrivés à
bon port. Mais, elle avait raison.

Je suis tombée à l'eau, ce jour-là, et ma tête, à
peine, dépasse les vaguelettes...

Eau : Mayi
Ndoyi : Homonyme, pareil.

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Commentaires

Alice Catherine, 13.01.11, 22:57:17
Exceptionnel!
Kris Fondaton Mundele, 10.01.11, 16:51:49
Ce récit contient une essence poétique qui touche notre âme d'enfant. Il y a de la légreté et de l'authenticité dans ce texte. C'est tout simplement excellent !

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